Nous sommes souvent poursuivis par l’image d’une civilisation égyptienne « toute construite », « toute dessinée » à l’aube même de son histoire. Et pourtant, la pyramide, symbole le plus explicite et le plus puissant du caractère solaire du pouvoir pharaonique, naît d’un processus architectural, certes rapide, mais qui s’appuie sur les structures funéraires ancestrales, le mastaba royal. Comment ? Pourquoi ? Cette étude permet de comprendre les ressorts de la théocratie pharaonique, non seulement à la racine de la civilisation égyptienne, mais également à l’aune de la religion dans son sens premier du terme (religere « relier » les hommes entre eux), exprimés dans leurs aspects les plus sociaux du terme.
Dans son époque d' »invention », l’Ancien Empire connaît plusieurs phases de développement : l’élaboration du principe solaire de la royauté dans l’apparition de la pyramide à degrés, affirmation des ressorts de cette théocratie avec la sophistication du rituel funéraire royal (pyramides à faces lisses, barque « solaire » et le renouvellement de l’expression de cette théocratie (temples solaires, titre de fils de Rê de la dynastie 5), et surtout la réforme osirienne faisant du dieu du jugement dernier un dieu national, qui renforce l’adhésion sociale au consensus politique.
Lorsque cette époque s’effondre, c’est le chaos, la crise politique, sociale et morale. Faudra-t-il réinventer ou renouveler ?
