Aux origines de l’Égypte pharaonique – Proto dynasties et naissance de l’empire (05.04.12)

L’unification politique du Nord et du Sud a été réalisée et la capitale faisant le trait d’union entre les deux royaumes, connue sous le nom de Memphis, a été fondée. Dans un 1e temps, les rois unificateurs de la dynastie 1 continuent de se faire inhumer dans la nécropole de leur cité d’origine, à Abydos-This. À l’orée de la vallée, là où les vivants peuvent en témoigner de visu, la puissance royale se manifeste par les enclos fortifiés de chacun d’entre eux. Mais l’autorité royale éprouve le besoin de se faire représenter au Nord, comme le démontrent les « mastabas palatiaux » de Saqqarah-Nord, tombeaux des représentants à l’architecture bien plus monumentalisée que les tombes royales d’Abydos. La propagande de pierre est née, la monumentalisation se mettant au service du message politique.

Néanmoins, un événement semble en signifier les limites : les premiers rois de la dynastie 2 abandonnent leur nécropole du sud abydéenne pour s’implanter à Saqqarah, face à Memphis, en innovant dans l’architecture funéraire avec les tombes à galeries (Hotepsekhemouy et Ninetjer).Cependant, il semble qu’à la fin de la dynastie 2 (mais quand ?) on assiste à une sécession du sud, ce que les spécialistes de la période appellent la « révolution séthienne ». Le faucon, symbole de la royauté victorieuse, est remplacé par l’animal séthien, alors considéré comme l’emblème du sud (serekh* de Peribsen). Mais peu de temps après, la documentation d’Abydos signale la réconciliation entre le faucon et l’animal séthien. Ils sont représentés s’embrassant sur le serekh du dernier roi de la dynastie 2, le puissant Khâsekhemouy, qui a fait pétrifier sa flotte à proximité de son enclos funéraire. Serait-on en présence du premier réunificateur ?

Pas simple de pérenniser un pouvoir sur la seule argumentation du pouvoir victorieux !De cette période mouvementée émerge le complexe funéraire de Djoser, premier véritable représentant de la Dynastie 3, 1e roi de l’Ancien Empire. Le clergé de Rê d’Héliopolis associe l’architecture à l’élaboration de la théocratie solaire : le roi égyptien, fils de Rê, partage sa destinée de régénération éternelle lors du voyage nocturne. La pyramide, architecture de son tombeau figure la butte primordiale, d’où renaît le soleil chaque matin. Cette filiation divine fonde le consensus social autour du roi, fils du créateur et régénérateur de toute chose : on doit la 1e pyramide à Imhotep, 1e prêtre du clergé d’Héliopolis et architecte de Djsoser.

Serekh : nom donné au premier des cartouches pharaoniques. Il est rectangulaire et symbolise un pan de façade de palais (murs à redans)

Vous l’avez compris, cette période me fascine ! Pour venir grossir les rangs des fascinés du protodynastique n’hésitez pas à visiter le site du professeur de l’université de Naples, Francesco Raffaele.

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