Université Permanente de Nantes (Février 2011)

La femme en Égypte Ancienne est un sujet apparemment bien léger, pourtant il recèle d’un grand nombre d’aspects brillants et très particuliers de cette civilisation. En tout premier lieu, le statut de la femme en Égypte Ancienne est d’un grand modernisme : au regard de l’essentiel, c’est-à-dire la vie, son caractère à la fois complémentaire et indispensable est bien mis en valeur. Elle peut posséder, hériter, exercer un métier, se marier à qui elle veut, voire même déshériter ses enfants au profit du nouveau mari ! Ne nous y trompons pas, le titre de chekeret nesout (que l’on peut traduire par « décorative royale »), porté par des femmes du harem royal, ne fait pas d’elles un simple mais bel objet destiné à chanter ou danser pour le plaisir du roi. Le terme chekeret peut également se traduire par « attribut royal » en d’autres circonstances, soit signifier regalia, un apparat dont seul le roi peut se prévaloir. Il est vrai qu’au plus loin des origines égyptiennes, la femme danse pour satisfaire et apaiser le dieu, or le roi n’est autre qu’un dieu parfait, fils de Rê issu de ses reins.

Au-delà de ces considérations sociales bien intéressantes, ce sujet permet également de se poser la question de l’idéal de la beauté. Est-il relatif, absolu ? La représentation (en peinture, bas relief ou ronde bosse) est censée donner vie au représenté là où il l’est. Aux origines, les portraits doivent être assez ressemblants (selon le talent de l’artisan) car les visages sont très différents les uns des autres. Pourtant, au Nouvel Empire, les représentations sensuelles de ces belles jeunes femmes filiformes aux longs cheveux noirs ondoyant sur leurs épaules, associées aux arts et aux fleurs, ornant les murs des tombes sont assez similaires. L’archéologie ayant permis de retrouver les momies de quelques unes de ces femmes nous montrent que la plupart était obèse et ne devait pas offrir au regard les mêmes atours. La similarité de ces représentations nous permet d’envisager l’existence de critères de beauté et donc d’un idéal de l’esthétique féminin. Mieux ! Quelques 4500 ans plus tard, ces critères nous parlent avec force : ces belles jeunes femmes, qu’elles soient chanteuses, danseuses, reines ou simples épouses, n’ont rien à envier à nos mannequins « vedette » ! Existe-t-il un critère absolu de beauté traversant les âges et les espaces ? Pour autant, en examinant les représentations féminines au cours des différentes époques, nous avons pu établir la réalité d’une mode vestimentaire en Égypte Ancienne, de la robe résille en perles au plissé de lin du Nouvel Empire.

Enfin, les Anciens Égyptiens, qui travaillent activement à retrouver dans l’au-delà le confort de la vie quotidienne, se font inhumer avec leurs « trousses de toilettes » : peigne, perruque, barrette, miroirs, fioles et produits de beauté, cuillères à fard, … qui nous apprennent tout le soin qu’ils apportaient à leur apparence.

De quoi pénétrer l’intimité d’une civilisation particulièrement raffinée.

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